
Ebolowa, lundi 23 septembre 2024. Le soleil se déploie des plus belles tandis que les riverains vaquent chacun à se activités. Des commerçants ambulants aux benskineurs en passant par des employés de bureau, la ville déploie la pleine mesure de son train train quotidien. Dans cette atmosphère bonne enfant ce pendant une présence vient changer le décor de ses couleurs de routine : une prestation artistique en plein air.

Rassemblés autour d’une scène de fortune, les spectateurs engagent en compagnie des artistes, un voyage d’exploration, de découverte et de partage. Dans cette mise exergue de l’illusion de la vérité, la vérité de l’illusion se fait imposante. C’est Njangui ensemble, ce théâtre dans la rue qui invité l’humain à rencontrer et à s’ouvrir à l’humain par le billet du théâtre de la comédie del arte italien, du masque allemand, des marionnettes géantes et du jeu camerounais. Un melting-pot artistique qui ouvre la voie au rêve.

Le projet porté le nom de Njangui-ensemble. Un nom qui quoique familier, suscite des interrogations: Njangui? Les plus jeunes s’interrogent. Njangui ? Les anciens manifestent leur curiosité. Quel est donc ce Njangui, entendez cette tontine, donc cette affaire d’argent, qui va se discuter en pleine rue alors qu’il est entendu qu’affaire Nkap étant affaire très sérieuse, se doit d’être dans un cadre restreint ? « Mais patience! » semble annoncer le tambour que les percussionniste jouen avec maestria en ouverture de scène. « Mais un peu de douceur voyons » semble dire le violon, aussitôt rejoint par la flûte et le kalango. Trio de musiciens dont les mélodies harmonieuses semblent faire valser la bannière tricolore qui flotte au fond comme une note d’accord.

En cette après-midi , les jeunes reviennent de l’école. Mais malgré la faim des fins de journées, ils ont assez de motivation et de passion pour se laisser hâper et entraîner par le spectacle qui s’offre à eux. Sur une scénographie qui n’est nulle autre qu’un parking de boulangerie et d’une route souvent traverser par des conducteurs de motos, marionnettistes, musiciens et comédiens se déploient. Njangui- ensemble, ce projet de l’en-commun dévoile ses première notes. Ce sont d’abord les marionnettes géantes qui se déploient des trois coins de cette scène que trois cocotiers et un papayer décorent comme s’ils se furent donner rendez-vous pour honorer l’harmonie des trois couleurs du drapeau National. Le public progressivement répond présent. Et le nombre de caméras de téléphones qui filment, de sourire sur les visages ou de répliques venues du public montre bien que le spectacle suscite quelque intérêt. On voit des benskineurs ralentir ou freiner, on entend les tout petits crier leur émerveillement. L’émotion touche son point culminant quand les marionnettes se rapprochent et dans leur désir de répandre l’amour, tendent la main pour saluer.

C’est relax désormais. On peut admirer leurs pas de danse, les câlins qu’ils se font, la communion avec le public, cette manifestation de l’amour. Njangui-ensemble se précise. La pièce qui s’est pensée avec l’intermédialité en note de fond, expose sa deuxième articulation : un jeu sur les guéguerres d’égo et de la vacuité nourries par la haine et la violence gratuites. C’est d’abord un page ou un ouvrier, qui s’introduit avec la figure cachée derrière un masque. Il est d’expression anglaise et est à la cherche son maître « Pantalone ». Il s’adresse au public sans préambule » Have you Seen Pantalone ? » Question qu’il reprend dans un broken french. Pendant un moment, l’on se croit face à une représentation d’une version du fameux Looking for Godot de Beckett.

Le personnage du page est rejoint par la suite par le Capitaine Problème que suit le Capitaine Bobolo. Tous trois cherchent Pantalone. Mais les deux derniers semblent entretenir une rancoeur qui les pousse à vouloir en finir l’un avec l’autre. Le page se doit alors de jouer les pacifistes, non sans souvent recevoir des coups. Heureusement, il va réussir à calmer le jeu et à réconcilier les deux qui au fond, ont le même intérêt : celui de retrouver Pantalone, leur ami commun. Il apparaît clair que cette scène invite à cultiver l’amour et non la haine, à privilégier le dialogue dans un monde ou la dispute et la rancoeur font le plein d’énergie de notre manque de pondération.

Pantalone arrive enfin et propose au public de les suivre dans un voyage musical. C’est « une belle chanson poétique en ré majeur-mineur-diez » exécutée par « l’orchestre international cacophonique » que le public savoure, mobilisé, assis à même la chaussée pour beaucoup sans que cela semble déranger de quelque manière. Le musical propose en effet une communion et une invite au partage. On le constate au choix et à l’origine des instruments . C’est RASS qui le mieux expose la pertinence de ce Njangui instrumental ( suivez ses explications ici https://youtu.be/Z0Ixt_Y4WqU?si=tm19jXeyEPXyt4P-
D’autres thèmes comme celui du partage, de l’Union dans le travail ou encore de la diversité sont exposés toujours pour faire du castigat ridendo mores et espérer que demain la cacophonie se change en harmonie.

Au soir de ce spectacle, la joie peut se lire sur les visages des spectateurs, mais aussi sur ceux de l’équipe qui aura conduit la création. Il s’agit notamment d’Annalisa Rossini, (administration) Stefano De Luca ( coordination artistique) tous deux membres de Piccolo théâtre d’Italie, Luzie Ackers (coordination artistique) membre de théâtre fragile en Allemagne; Junior Esseba ( coordination artistique) membre de l’Association Théâtre en Folie et d’Ousmane Sali (consultations poétiques) membre du Zouria théâtre. Après Ebolowa, le périple se poursuit à Douala puis à Yaoundé, tout dans l’esprit de la lutte contre la décadence des valeurs sociales.
Preston Kambou
Pour nous accompagner, nous aider ou ‘ous contacter, +237695521762