Micro-interventions et approche genre en agriculture biologique

Dans le but de promouvoir l’agriculture biologique, le Projet Pôle de Connaissance en Agriculture Biologique en Afrique Centrale implique toutes les couches. Depuis les personnes vivant avec un handicap, jusqu’aux femmes qui, on le sait , sont en Afrique les poumons véritables de la famille. Dans cette optique, le projet multiplie les initiatives au rang desquelles celle des micro-interventions. C’est dans le cadre de cette dernière activité que Fotouni a vibré du 30 au 31 Janvier 2025. Le reportage complet, dans la suite

Sous la houlette des experts du Centre Polyvalent de Formation (CPF) de Mbouo Bandjoun, multiplicatrices et multiplicateurs venus de Banka, de Fotouni, de Kumba , de Dschang, de Foumban, de Bangang, de Babouantou et de Loum, se retrouvent à Fotouni pour deux journées de travail intense.

Pour la première journée, l’enregistrement des participants est suivi directement par une séance de travail essentiellement dédiée à la reprécision des termes du projet. La tâche est exécutée par les responsables du CPF, M. Jean Pierre Sayouba et M. Patrick Kom qui expliquent et réexpliquent ce qu’il faut faire, sans omettre d’attirer l’attention sur les pratiques à éviter absolument.

C’est une séance très pédagogique, malgré son approche assez simplifiée et presque ludique. Les activités ici sont faites de partage d’expériences, de question réponses, mais aussi parfois de cours pleins de mots techniques. On parle de produits de connaissance, de prophylaxie, de techniques de semi, de rotation de cultures, de diversification…. Ici, chacun selon son observation et la nature de sa micro-intervention déroule sa fiche technique. Chacun , librement , évoque son vécu et expose ses difficultés dans les mots qui sont les siens, selon sa connaissance et sa pratique. S’il y a des erreurs dans la compréhension d’une leçon antérieure, l’échange donne les clés pour les corriger à terme. Les contributions sont diverses, riches plurielles. Tout sa passe dans une ambiance bonne enfant, loin de l’atmosphère lourde des salles de classes formelles. On peut rire, tolérer un téléphone qui sonne, sermonner, mais toujours avec le sourire et l’envie de faire avancer. Beaucoup de celles qui aujourd’hui sont des Multiplicatrices n’ont jamais fait d’école d’agriculture. Ils ont appris sur le tas, grâce aux formations sur le terrain et l’accompagnement des experts formateurs.

Les travaux se poursuivent jusqu’à tard dans la nuit. Malgré les incursions répétées d’ENEO, la compagnie d’électricité qui toujours se distingue par des délestages réguliers, aucun signe de découragement n’est observé. Les échanges sont si riches et intéressants que M. Sayouba doit insister au finish, pour que l’on y mette un terme à un peu plus d’une heure du matin. C’est le moment de rejoindre les couchettes, la journée qui a commencé sera longue.

31 janvier. Le coq chante et le jour paraît, sur les hautes terres de Fotouni. Le froid qui s’est invité de bonne heure, n’empêche pas aux soldats du bio de rester focus sur l’essentiel. Debout comme un seul homme, ils planifient la journée après la suite de l’enregistrement des participants, retardataires. La locomotive est de nouveau en marche, la journée sera chargée. Petit déjeuner en groupe, petites blagues pour détendre, départ pour le champ école paysan, ou plutôt champ de démonstration de Ndemyom. Le moyen de locomotion, c’est la voiture d’Abraham : un, deux, un deux, le bataillon traverse le village. Le temps de la marche est aussi une opportunité d’apprentissage. Le champ du bio est vaste et son école a ses modules d’enseignement partout : ce sont des plantes, des animaux dans leur état de Nature, tout ce qui compose avec le naturel. Une plante qu’on traverse, un arbre, tout est support de cours et aussi bien M Kom que M Zouakou s’en donnent à cœur joie à l’activité.

Aujourd’hui , selon le planning, est Journée Portes Ouvertes. Au rendez-vous, 33 participants, dont 16 femmes et 17 hommes. Les multiplicateurs de la veille, bénéficiaires de la micro-intervention pour l’essentiel, sont rejoints par les agriculteurs de Fotouni et d’autres membres du personnel du CPF.

Pour cette journée, l’objectif principal est de présenter la micro-intervention sur la vulgarisation du dispositif de lutte contre les mouches à fruits, à travers la culture de la tomate biologique. Le choix est pertinent car il attire du monde, et pas que dans les rangs des soldats du bio.

Un producteur du secteur conventionnel, voisin de l’exploitation de Ndemyom, a désiré rejoindre le groupe pour partager son expérience, ou mieux, sa mésaventure. Il témoigne avoir perdu d’énormes quantités de tomates et abandonné finalement sa parcelle au mois de décembre 2024, à cause des attaques des mouches à fruits, dont les principaux agents pathogènes sont Helicoverpa armigera et Tuta absoluta (surnommée Boko Haram dans le coin en raison de l’ampleur des ravages.)

Cette victime découvre le dispositif de capture de l’insecte incriminé présent dans le champ de démonstration et est saisi d’un émerveillement unique. Pour lui, celà pourrait constituer une solution efficace à son problème. Il observe attentivement et ne cesse de poser des questions auxquelles les experts répondent avec plaisir. Ils lui expliquant toutefois l’importance de rejoindre le bateau de l’agriculture biologique pour un impact plus retentissant.

Les participants découvrent également le système d’irrigation goutte à goutte, observent différentes cultures (poivrons, piments, aubergines, arbres fruitiers…) et participent à une activité apicole visant à promouvoir l’élevage des abeilles et à accentuer leur participation dans le système de reproduction des végétaux.

Gannick Gamadjeu, expert du CPF dans le domaine apicole déplacé pour la cause, parle de la ruche, de l’activité et de l’organisation des colonies d’abeilles, réexplique le rôle clé des abeilles dans l’agriculture… Il partage aussi quelques techniques pour réussir l’activité apicole, non sans avoir présenté le pack des outils de l’apiculteur. Les femmes sont encouragées à vaincre leur phobie des abeilles pour envisager l’apiculture comme une opportunité économique.

Quelques autres activités, notamment d’entretien et de mise en place des ruches, permettent de joindre la pratique à la théorie.

Le chemin du retour est une épreuve un peu ardue en raison des collines à gravir et surtout du soleil de plomb qui prend ses aises dans la contrée. Mais les soldats du bio y font face.


L’activité se termine par une restitution qui connaît la présence du chef des Fotouni, qui, très intéressé par les initiatives positives, se rapproche du groupe pour dire ses encouragements et les inviter à aller de l’avant. La suite consistera à la planification des journées portes ouvertes dans les champs des différents bénéficiaires de la micro-intervention. Le rendez-vous est donc pris pour courant février 2025.

Preston Kambou

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