Situé à Mbouoh-Bandjoun, à un taxi du centre ville de Bafoussam ( Ouest Cameroun), le Musée d’art contemporain Bandjoun Station est un réel centre de Culture et un pôle à partir duquel la culture, les oeuvres artistiques et les artistes eux-mêmes sont rendus visibles et lisibles. Il est l’œuvre d’un artiste : Barthélémy Toguo, qui dans le but d’inverser la courbe d’une migration déshonorante des œuvres d’art et des talents artistiques contemporains Africains vers l’Europe, et face à des politiques Culturelles publiques peu élogieuses dans son pays le Cameroun, a voulu offrir aux jeunes artistes africains un espace d’expression, de formation, de création, d’exposition et de rencontre afin qu’ils puissent en ayant des facilités, penser à rester sur place et à contribuer par leurs créations au changement leurs sociétés. Il est courroucé par le sort qui fut réservé aux œuvres classiques africaines, » aujourd’hui dans les musées occidentaux » et voudrait alors empêché que le même sort soit réservé à l’art contemporain.
Dans cette optique, Bandjoun Station accueille et accompagne les jeunes qu’il expose sur place et encadre dans la structuration de leur carrière et l’affermissement de leur démarche artistique entre autres. À Bandjoun Station sont régulièrement organisées des résidences, des Boot Camp, des journées portes ouvertes pour intéresser les plus jeunes et le grand public à la chose artistique.
Sur le plan de la composition, Bandjoun Station c’est un musée, une salle de projection de films, des espaces d’exposition et surtout une bibliothèque fournie en ouvrages et en œuvres dans les disciplines diverses de l’art. Vous y trouverez de grands auteurs de littérature, des ouvrages d’art contemporain en majorité et beaucoup d’autres livres pour nourrir le cerveau et cultiver en l’artiste l’épaisseur qu’il faut pour photographier les instants et questionner le réel.
Dans le musée, une histoire se conte qui vous conte et vous raconte. Vous voyagerez avec les masques dans l’Afrique profonde, intégrerez la confrérie de la mystique initiatique grâce aux statuettes, repenserez votre perception des mots folie et fou devant l’exposition réservée à Fosso’o, vous émerveillerez et écraserez une larme devant la Joconde de Bandjoun Station, autant que vous douterez de vos certitudes devant le questionnement existentiel de Soly Cissé sur le véritable trait distinctif qui existerait entre l’animal et l’humain, dans un contexte où l’homme est souvent bestial et la bête parfois porteur de quelques zestes d’humanité dans son agir.
Bandjoun station par son musée réussit aussi à questionner le réel afin d’attirer l’attention sur une contemporanéité aux pratiques de prédation et de déshumanisation avérées. L’interpellation est faite depuis l’entrée avec Freddy Bienvenu Tsimba, cet artiste plasticien et commissaire d’exposition congolais qui face à la cruauté de la guerre et de la violence dans son pays, décide de lancer un cri pour inviter à la prise de conscience. Parce que les machettes servent à s’entrecouoer dans son pays, il décide d’en acheter une bonne quantité pour, grâce à la technique de la soudure, fabriquer une maison de machettes à une seule porte et une seule fenêtre. Cette œuvre qui accueille le visiteur, se dresse comme un mur de l’interpellation qui rappelle à chacun que la communion de destin à tous et l’importance de penser à s’unir car à la fin on meurt tous.
Une autre œuvre interpellative est cette peinture sur un sac de joute, parabole métaphorique d’une jeunesse que l’on exposé et même contraint à l’exil par des comportements de prédation qui en la mettant à l’étroit dans un monde où le rapport média et culture présente l’ailleurs comme le paradis, finit par le convaincre que seul l’ailleurs est le seul espace où il pourrait s’épanouir.
Bandjoun Station est aussi sur une mission agricole car il dispose de trois hectares dédiés à l’agriculture. Ce volet d’intégration environnementale et d’expérimentation sociale se veut un exemple pour la jeunesse locale afin de créer des liens dynamiques et équitables entre le collectif d’artistes associés au projet et leurs hôtes, afin de démontrer qu’il faut aussi croire à l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.
Bandjoun Station pense qu’il faut à chaque fois avoir des piliers desquels partir. Aussi existe t’il une salle d’exposition permanente et deux autres temporaires à travers lesquelles on peut renouveler les expositions d’artistes pour donner la chance à des talents nouveaux d’avoir une visibilité. Il y a également un désir de valorisation des savoirs locaux par l’implication des artisans du terroir. En un mot, à Bandjoun Station l’art contemporain international rencontre la tradition locale. Bandjoun Station plus qu’un musée est un enseignant qui vous transporte dans les temps lointains pour mieux vous enraciner dans votre contemporanéité afin que l’ancrage présent vous donne de penser le futur. Faites y un tour et vous ne serez plus jamais le même.
Preston Kambou, +237695521762
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