
J’ai pris un plaisir fou à suivre le Prince Tchatchouang dans un voyage presqu’initiatique au cœur de la culture et des traditions Bangoua par le biais de cet enseignant silencieux dont il s’est fait le gong sacré : le musée.
L’édifice qui abrite le Musée Case Patrimoniale de Bangoua est un joyau fait de briquettes de terre pressées, que l’on trouve à l’entrée de la Chefferie Bangoua. Mais ce bâtiment, majestueux, n’est que le prolongement d’un Sanctuaire dont le premier arrêt obligé est l’arbre aux panthères. C’est un arbre mystérieux qui aux initiés sait dévoiler mille et un secrets. Il porte la mémoire et la genèse du Zeukap, fête de la culture d’un peuple en harmonie avec ses croyances, ses us, coutumes et surtout son système de récompense et de promotion sociale. L’arbre rappelle que c’est que jadis, c’est en raison des actes de bravoure, comme le fait de tuer une panthère pour protéger la communauté de ses ravages, et d’en offrir la peau au roi, que l’on avait droit à un titre de noblesse. La communauté on le voit, était au centre à chaque fois.
Le deuxième grand arrêt se fait devant le portail avancé donnant sur le palais royal au fond, dont l’architecture est un élément visible de la profondeur de la cosmogonie chez les Baimileke. Soyez attentifs et vous remarquerez que ce portail avancé est surmonté de 9 toits coniques. Pourquoi 9?
La Symbolique du 9 chez le Baimileke
Parce que 9 chez les Baimileke 9 est le chiffre de l’accomplissement.
9 est le Conseil Supérieur des notables
9 est le chiffre de la vie en ceci que chaque être qui naît ne peut être considéré comme normal que s’il est doté de neuf orifices : deux yeux, deux oreilles, deux narines, une bouche, un orifice pour uriner et un autre pour rejeter les matières fécales.
9 est également le nombre de semaines que passe un roi en initiation au noble et sacré lieu indiqué.
Les autres éléments relèvent du secret de l’initiation et je ne saurais donc en dire davantage. Mais en vous rendant au musée et en étant suffisamment attentifs, vous aurez d’autres clés car tout chez le Baimileke est code.

Avant d’en arriver à la salle du musée même, vous passez devant le Loh Nkak, les pierres mystiques (qui grandissent suivant une alchimie dont le secret est jalousement conservé). Elles sont au nombre de deux. Avec l’une d’elles, celle de gauche,entourée de la sansévière, une herbe qu’il est interdit aux femmes de toucher. Entre les deux pierres, un espace réservé à une seule personne, au Lion de la forêt sacrée. Lui seul peut s’y asseoir pour accomplir un ensemble de rites dont ceux de purification du village.

Après ce périple à l’esplanade, vous intégrez la Case Patrimoniale. Un joyau dont on doit l’initiative au roi Tchatchouang qui régna de 1978 à 2001. Après lui, son successeur SM Djampou poursuivra la vision et l’ORTOC et la route des chefferies accompagnement par la construction du musée.
Ici, de manière permanente, vous visiterez une exposition sur la thématique « Art, chasse et traditions ». En effet, Leukemegne, dit Jouonveu ( le chasseur), ancêtre et bâtisseur du royaume Bangoua, était un grand chasseur. C’est le désir de préservation de cette activité séculaire qui justifie le choix du thème du musée » art, chasse et traditions ».

L’esprit du musée ressort clairement dans le thème » Art, chasse et traditions » que vous verrez inscrit en bleu sur une petite pancarte à l’entrée. Vous y trouverez également des indications sur les horaires d’ouverture et les services offerts à savoir Visite des sites touristiques, hébergement, restauration en plus des voyages de découverte à travers la rencontre avec les objets d’art.

Grâce à une scénographie originale et un parcours d’exposition illustré par de nombreux objets, reconstitutions, décors, vidéos et photos inédites, le musée vous accueille, vous reçoit avant de vous plonger dans une grande séance d’initiation. L’exposition permanente qui vous accueille est le fruit d’une collaboration fructueuse entre chercheurs, universitaires, professionnels de patrimoine et autorités traditionnelles.

La première partie s’intéresse à l’histoire du royaume, depuis sa fondation, en présentant son organisation religieuse, socio-politique, économique et culturelle. Un accent est mis sur les cérémonies et rituels avec leurs expressions contemporaines.

La seconde partie met en exergue la chasse. Les premières planches renseignent sur la réglementation autour de la chasse et donne de la voix contre le braconnage.
Dans l’ensemble, l’on découvre une chasse nourricière et protectrice au départ qui avec le temps se recouvre de nouveaux rôles sociaux, économiques et écologiques. Nous pouvons constater que l’évolution de la chasse accompagne celle de la société des hommes.
Au musée Case Patrimoniale de Bangoua, la visite peut être complétée par des randonnées et des excursions dans la chefferie. On découvrira ainsi outre l’arbre panthère dont nous avons parlé plus haut, les plantes du chasseur, des animaux totem …

Un tour complet du musée et le visiteur se débarrasse d’un ensemble de CERTITUDES et d’anathemes. Le musée en appelle au passage, au partage. Le visiteur est à la fin cet ambassadeur porteur du message de connaissance de l’autre, du respect de la différence et de la diversité pour un dialogue entre les peuples.
Bienvenue au musée de Bangoua
Preston Kambou
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