Mamy Water manque d’eau à boire

J’ai initié en ce début  d’année une série d’articles dénommée  » Le Temps des Artistes Assis est Fini ».

L’article luminaire a expliqué le fond de l’orientation en prenant appui sur les propos de l’écrivain Albert Camus.

Après cette sorte de manifeste pour plus d’action de la part des artistes, je vous propose mon analyse de Mamy Water, un Dessin d’Alioum Moussa aux dimensions de 42 cm x 45 cm.

Pour  construire ce mur du questionnement et de l’interpellation, l’artiste qui voit en chaque discipline artistique et chaque matériau autant de moyens pour exprimer sa vision du monde, convoque l’Acrylique, le stylo à billes, le feutre, le piquage et la broderie, ainsi que le collage des tissus roulés sur toile de coton.

Il le fait comme qui lancerait un SOS en direction du monde, sans ni orienter la direction du cri, ni distinguer ou classifier les personnes qui pourraient être sensibles au cri et peut-être œuvrer à proposer une solution au problème.

Le dessin présente une « Mamy » désespérée, entendez une grand mère, qui face à un cubitenaire vide, installé au-dessus d’une structure en béton tenue sur quatre pieds, s’interroge sur les causes de la rareté du « WATER », donc de l’eau, dans nos quartiers.

L’œuvre apparaît comme un monologue existentiel, dans lequel la grand-mère désespérée, n’est au fond que le porte-parole de toutes ces couches défavorisées qui chaque jour croupissent et croulent sous le poids de nos lâchetés et de nos incongruités conjuguées.

Le dessin nous amène à revisiter un ensemble de réalités paradoxales, en  partant du fait que la plupart des noms de départements du Cameroun soient les noms de cours d’eau (Océan, Mifi, Wouri, Nyong et Mfoumou, Sanaga Maritime, Mayo Banyo, Benoue…) mais que curieusement le pays n’ait pas à propre dire de l’eau potable pour tous.

Plus loin, l’altitude et la pluviométrie ont valu à l’Adamawa son nom de château d’eau du Cameroun. Pourtant, ce n’est pas la région la plus nantie en addictions d’eau potable.

Quittant la contemporanéité, l’artiste nous plonge dans la mythologie et se demande comment on peut avoir une mythologie aussi forte, liée à l’eau et manquer d’eau potable dans notre quotidien d’humains.

Avec Mamy Water, Alioum Moussa confirme l’importance pour les artistes de jeter un regard froid sur leur environnement de vie pour en capter des instants forts qui puissent servir de moyen d’alerte.

Le dessin nous confie l’artiste , lui a été inspirée par l’observation de la Galère des populations pour trouver de l’eau potable au quartier Éleveur Yaoundé.

On dit qu’une image vaut mille mots. Nous avons l’image, pourquoi user de plus de mots?

Preston Kambou

NB : Dessin Mamy Water
Auteur Alioum Moussa, 5 Dec 2025

2 Comments

  • HAMDJAD ADAM
    5 janvier, 2025 at 9:24 pm

    Merci de partager avec moi cet article sur Mamy Water, le dessin d’Alioum Moussa. C’est une œuvre très puissante qui met en lumière la rareté de l’eau potable dans nos quartiers. Je suis frappé par la façon dont l’artiste utilise l’image de la grand-mère désespérée pour exprimer les souffrances des couches défavorisées.

    Je suis également impressionné par la façon dont l’article met en évidence les paradoxes de notre société, où nous avons des noms de départements qui évoquent l’eau, mais où nous manquons d’eau potable pour tous.

    Merci de me faire réfléchir à ces questions importantes. Je suis convaincu que l’art peut jouer un rôle important dans la sensibilisation aux problèmes sociaux et environnementaux.

    Bonne continuation et merci encore pour cet article intéressant !

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    • Preston Kambou
      Preston Kambou
      5 janvier, 2025 at 9:32 pm

      Infiniment Merci M Hamdjad Adam. C’est toujours un plaisir de servir, de contribuer à faire réfléchir, à faire que l’éveil ne soit plus juste un concept.Je suis un journaliste culturel freelance qui se nourrit un peu des commentaires comme les vôtres , de vos encouragements pour trouver la force et l’énergie de continuer. Un jour, qui sait, ça ira mieux.

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