Le quatuor multiculturel de Montpellier et Bandjoun Station

Résidence d’artistes Ville de Montpellier , Bandjoun Station : le grand Voyage de rencontre, de partage, de création et d’initiation

Que l’on parte de la mémoire et des rituels pour explorer l’univers spirituel chez la Chinoise Yue Lin , s’intéresse à l’idée de travail, du geste à l’outil et en fasse le bon alibi pour vivre en immersion les procédés de fonderie artisanale camerounaise avec Flavien Desray de la France, qu’il s’agisse plutôt de l’univers onirique comme élément de reconnexion avec Christian Kaptue ou in fine de la séduction dans l’univers de la polygamie comme objet de la quête artistique avec Rolande Koagne , l’on se retrouve dans un grand voyage diversel dont l’appartenance aux cultures multiples des Passagers en donne la saveur la plus relevée.

Les horizons, les univers et les parcours des artistes bénéficiaires de la résidence de création co-organisée par la ville de Montpellier en France et le centre d’art contemporain Bandjoun Station au Cameroun, augurent une belle ballade poétique, culturelle, artistique et humaine.

Il s’agit des horizons à explorer et des cultures en partage. On entrevoit une grande cohésion et une harmonie dans les perspectives. La Chine, la France et le Cameroun se rencontrent dans une sorte de sommet informel de l’art et de la culture pour proposer d’autres perspectives de voyage, construire ensemble une autre passerelle vers la République mondiale de l’humain. Comme s’ils s’étaient concertés en amont, leurs travaux dégagent un certain feeling qui donne de comprendre mieux pourquoi Marie Christine de LASOUCHÈRE soutient que « L’Art voyage vers l’imaginaire, fonctionne à l’intuition ou à l’instinct. » Et parce qu’il est « le fruit de la sensibilité, […] Il a le privilège de tout oser. »

Alors, dans cette résidence, il a osé faire que le devoir de mémoire et de spiritualité qui se dégage du travail de Lin, venant comme une performance proposée au spectacle que donnent le trop de mémoire ici, le trop d’oubli ailleurs, l’influence des commémorations et des abus de mémoire et d’oubli… dans l’optique de suggérer l’idée d’une politique de la juste mémoire comme seule moyen de sortie du chaos-monde…, s’harmonise bien avec l’idéal de reconnexion qui ressort du travail de Christian Kaptue. Kaptue explore l’univers du rêve comme s’il avait voulu proposer une rupture avec une hyper rationalité déshumanisante qui en voulant tout contrôler au fond ne contrôle plus rien. Et c’est cette posture d’élévation au moyen du détachement, qui fait que ce travail fasse échos avec celui de Lin qui est spiritualité, rituel et mémoire pour une harmonie qui parce que plus sensible qu’intelligible, réconcilie l’Homme avec son moi profond.

Toujours parce que l’art ose, il permet qu’à ce grand concert du faire-monde-ensemble, la sculpture, la performance et la menuiserie de Flavien Desray et la couture et le modelisme de Rolande Koagne s’incruste pour devenir des outils, ou mieux des instruments nécessaires à la mise en musique des partitions suggérées par les deux précédents. L’objectif de Desray est immersif et patrimonial en ce qu’il se propose de donner une voie nouvelle à la science de la fonderie telle que pratiquée au Cameroun par des artisans.

La résidence que Bandjoun Station s’apprête à accueillir, organisée avec la ville de Montpellier, s’annonce riche et expérimentale. C’est une expérience de rencontres et de partage qu’il faudra peut vivre de l’intérieur pour mieux en parler à l’extérieur.

Preston Kambou

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