
Combien d’heures l’horloge a-t-elle déjà détaché du temps ? Nul ne le sait, et c’est tant mieux. Le temps s’est détaché de son cours, laissant derrière lui les heures, les minutes, les secondes, comme des feuilles mortes qui tombent de l’arbre de la mémoire pour paver le chemin du présent.
Nous marchons. Nos pas résonnant avec moins de verve sur le sol rocailleux, sans plus nous soucier de l’horloge qui a perdu son pouvoir sur nous. Le chemin est devenu un labyrinthe de pierres et d’arbustes, où chaque pas est un défi à la gravité.
Le groupe s’est scindé en deux, comme si la montagne elle-même avait décidé de nous séparer, de nous faire prendre des chemins différents pour mieux nous nourrir de la diversité de ses richesses.
Les hardis, conduits par Papa Colo, ont choisi la pente abrupte, défiant le Mont de les arrêter. Et nous, les autres, avons suivi Papa Solo, le guide, qui connaît les secrets du sentier, qui a appris à lire les signes de la nature, qui a plusieurs fois visité les hauteurs du Mont, souvent pour se ravitailler en gibiers, parfois pour trouver une herbe rare pour un malade venu des contrées lointaines. »Il maîtrise mieux le sentier, autant lui faire confiance », a dit Mama Colonel, avec une sagesse et cet amour qui lui colle t à la peau comme l’ongle au doigt.
Et maintenant, nous piétinons les pentes du sentier, silencieux, comme si nous étions seuls au monde, seuls avec la terre, seuls avec le ciel, seuls au dessus de notre grand Canyon à nous.

Dans un ballet incessant de pas et de mouvements, nous montons et descendons, contournant des obstacles qui semblent infranchissables, bravant ceux qui osent se dresser sur notre chemin. Les racines, comme des doigts de la terre, nous retiennent un pied, nous faisant hésiter un instant avant de poursuivre notre route. Les branchages entremêlés, tels des bras de la forêt, menacent de nous faire tomber, mais nous les écartons avec prudence, pour continuer notre ascension. Et puis, il y a ces espaces nus, où le soleil nous frappe avec violence, où il plonge profondément les dards de sa chaleur implacable dans nos chairs à présent fragilisées. Mais heureusement, il y a aussi les arbres, ces sentinelles de la forêt, qui nous offrent l’ombrage de leurs feuillages, nous abritant du soleil et nous enveloppant de leur fraîcheur. Nous marchons, montons puis descendons dans un rythme incessant, à la cadence de la terre et de la forêt, qui nous guident et nous accompagnent.
Papa Solo connaît le chemin . Mais sur certains itinéraires, il nous perd un peu. Combien de fois a t il fait contourner là où un long trait aurait suffi ? Mais qui pour sen plaindre quand chaque détour offre une autre vue?

« Maman Colonel, cette incarnation de l’amour et de la sollicitude, rayonne de bonté et de générosité. Son sourire, débordant et omniprésent, illumine le chemin et réchauffe les cœurs. Elle veille sur nous avec une attention maternelle, s’assurant que chacun est en sécurité et en bonne santé. Combien de fois a-t-elle demandé qu’on attende « Le père », son époux qui a traversé les kilomètres pour partager avec elle les épreuves de cette randonnée ? Elle est la gardienne de notre groupe, la protectrice de nos âmes et de nos corps. Elle rassure les troupes, apaise les craintes et les doutes, et nous fait sentir que nous ne sommes pas seuls dans cette aventure. Elle est le ciment qui nous lie, le lien qui nous unit, et son amour est la force qui nous pousse à aller de l’avant.

Marylin, la touche soft et glamour du groupe, rayonne de jeunesse et d’énergie. Venue de Douala spécialement pour cette randonnée, elle est l’incarnation de l’aventure et de la liberté. Inconditionnelle des sensations fortes, comment aurait-elle pu résister à l’appel de ce parcours inexploré ? Elle marche aux côtés de Mama Colonel, comme une fille aux côtés de sa mère, partageant les joies et les difficultés de cette expédition. Son regard brille de curiosité et d’excitation, son sourire illumine le chemin et son pas est léger et assuré. Elle est la personnification de la joie de vivre, la célébration de la liberté et de l’aventure.

Le soleil décline déjà, jetant ses derniers feux sur les massifs, tandis que nous nous efforçons de poursuivre notre ascension. La fatigue commence à peser sur nos pas, mais nous nous obstinons, mus par la détermination d’atteindre le sommet. Les étoiles et la lune qui éclaire notre chemin à présent, jettent une lumière argentée sur les rochers et les arbres.
Nous avançons, lentement, portés par des jambes qui ont du mal à rester droit. Le pied flanche, la fatigue nous submerge et nous nous arrêtons. Les 200 ou 300 mètres qui nous séparent du sommet semblent désormais insurmontables. Nous nous résignons à trouver un lieu pour camper, et c’est alors que nous apercevons une surface plane, qui se présente comme un havre de repos. Sans hésiter, nous nous laissons tomber, épuisés mais soulagés : c’est ici, près de la lune et du soleil, à un jeu d’oiseau du sommet que nous passerons la nuit, à la belle étoile.
(La suite demain. Merci de vous abonner et de commenter)
Preston Kambou
Nous contacter au +237695521762
Chris Jane
That’s Amazing
Preston Kambou
I swear