
17 octobre 2025. Où allons-nous ? La question, simple en apparence, résume toute l’incertitude d’un pays suspendu entre colère et désillusion. Depuis le scrutin du 12 octobre, les vidéos et publications qui circulent sur les réseaux sociaux lèvent le voile sur des irrégularités flagrantes et sur le ras-le-bol d’un peuple trop longtemps abusé.
Partout, la tension monte. Dans les taxis, les bars, les cafés et autres beignetariats, les débats tournent autour de l’inévitable venue de la troisième République. La colère transpire des prises de parole et parfois il est prudent de ne pas essayer de raisonner votre interlocuteur.
À Bonamoussadi, le siège d’Elecam a été pris pour cible ; à Bafoussam forte mobilisation pour faire respecter les chiffres sur les PVs; à Dschang, le palais de justice, la guérite de la résidence du recteur la maison du RDPC et plusieurs véhicules de collecte d’ordures ont été incendiés. D’autres villes, comme Buea ou Limbe, ont connu des manifestations. Sur la toile, une vidéo montrant des engins militaires se déployant au centre-ville de Yaoundé sème la peur.
La situation est grave. L’atmosphère se charge d’une terreur diffuse, d’une psychose rampante. Et ni le ton martial de certains dirigeants dont les communiqués sont de véritables Poudrières, ni le zèle de certaines forces de l’ordre ne contribuent à calmer le jeu. Au contraire, ils attisent la méfiance et nourrissent encore plus le sentiment d’injustice et de défiance envers le peuple.
Pourtant, il existe une autre voie : celle du dialogue, de la retenue, de la sagesse politique. Un officier, dans une vidéo devenue virale, a choisi d’expliquer calmement aux populations qu’on peut manifester sans casser, qu’on peut exprimer sa colère sans détruire les biens publics — parce que ces édifices appartiennent à tous les Camerounais. Ce geste, presque anodin, rappelle qu’il est encore possible d’éduquer plutôt que de réprimer.
Mais pour que la paix tienne, il faut plus que des appels au calme : il faut du courage politique. Le respect de la volonté populaire, la reconnaissance de la vérité des urnes, voilà les fondations sur lesquelles peut se reconstruire la confiance nationale.
Aujourd’hui, la peur a remplacé l’espérance. Le pays semble avancer sans grandeur, dans l’attente d’un sursaut moral.
Préservons la paix — mais une paix juste, vivante, fondée sur la vérité.
Preston Kambou




